Crédit photo : Jade Lagnier.
Quelles sont les femmes qui ont vécu la guerre et qui la raconte aujourd’hui ? Qui est Fortunée Metz, de son vrai nom Fortunée Cohen-Colin, une enfant juive cachée durant la Seconde Guerre mondiale et qu’a-t-elle vécu ? Pour répondre à ces questions et à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, Jade Lagnier était l’invitée du Grand Direct ce lundi 8 mars.
Fortunée Metz est née en 1932 et n’avait donc que six ans lorsque que la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939. Elle est issue d’une famille de douze enfants et a vécu dans 14 maisons d’enfants différentes autour de Lyon. Parce qu’elle était juive, il fallait qu’elle se cache et ne dévoile jamais son identité.
Tout le monde l’appelait Fortunée Colin et elle devait aller à la messe et prier comme une vraie catholique. Durant la guerre, elle est restée cachée quatre ans dans la Maison de Sèvres, une maison d’enfants située dans la région parisienne.
Le quotidien de Fortunée Metz dans cette maison d’enfants était très difficile. La nourriture manquait durant la guerre et elle mangeait parfois des pommes de terre gelées en hiver. Elle faisait sa toilette dehors toute l’année à l’eau froide. Elle n’avait aucune liberté et ne pouvait pas communiquer avec l’extérieur.
Pour rappel, durant la Seconde Guerre mondiale aucun service public ne fonctionnait que ce soit la poste ou les trains. Lorsqu’elle devait aller chez le dentiste par exemple, elle se déplaçait en charrette car il n’y avait pas d’essence pour les voitures. Concernant l’école, elle a appris à lire et à écrire à l’âge de dix ans et elle faisait huit kilomètres par jour pieds nus pour s’y rendre.
Pour Fortunée Metz, le droit de vote des femmes est capital. Un droit qui pour rappel a été octroyé en France par le Général De Gaulle le 21 avril 1944. Au niveau professionnel, après la guerre et durant sa vie elle a travaillé en tant que secrétaire pour de nombreux hommes.
« J’ai aussi travaillé pour un chercheur français qui travaillait beaucoup au Liban. Lorsqu’il revenait, il fallait qu’on tape les rapports de ses voyages. Tout le temps il nous disait : « Soyez des cerveaux et non des crânes ». J’ai eu de la chance d’avoir évolué avec des gens intéressants comme ça », explique Fortunée Metz.
Fortunée Metz admire beaucoup Simone Veil et Martine Aubry. Pour elle, les femmes aujourd’hui sont pratiquement égales aux hommes même si elle trouve que peu de femmes dirigent des entreprises. « Je pense qu’on a plus à se plaindre, dans l’ensemble il y a l’égalité », commente-t-elle.
Aujourd’hui, Fortunée Cohen-Colin a 89 ans et raconte son histoire bénévolement depuis 17 ans pour le Musée de la Résistance et de la Déportation. Elle a pour projet d’écrire un livre sur son histoire et voudrait également se rendre à Auschwitz en Pologne.