Le maire écologiste de Givors Mohamed Boudjellaba est visé par une plainte pour diffamation, injures publiques et intimidation déposée début février par l’élu municipal divers droite, Fabrice Riva. Des accusations qui s’inscrivent dans un contexte de fortes tensions entre la majorité et son opposition.
Ça n’est pas la première fois que les cœurs s’échauffent à Givors. Depuis l’élection du maire écologiste en 2020, les tensions n’ont eu de cesse de s’exacerber au sein du Conseil municipal de la commune du sud de Lyon. Dernièrement, l’élu divers droite de Givors, Fabrice Riva, a déposé plainte contre le maire Mohamed Boudjellaba pour diffamation, injures publiques et intimidation.
À l’origine de cette plainte, des propos tenus au Conseil municipal du 2 février dernier, qualifiés par Fabrice Riva de « diffamatoires » et d’« injurieux » à son encontre. Deux autres personnes sont également visées par cette plainte : l’adjoint au maire en charge de la Politique de la ville, de l’insertion, et de la lutte contre les discriminations Foued Rahmouni, ainsi que la conseillère municipale Solange Fornengo, en charge du patrimoine.
Deux autres plaintes déposées
D’après Fabrice Riva, le maire écologiste, aidé de son équipe, multiplierait depuis plusieurs mois des « tentatives d’intimidation » visant à faire « taire l’opposition » sur la contestation de la politique conduite par l’exécutif municipal depuis son accession à la mairie de Givors en 2020.
Et pour cause, de nombreux précédents entachent les relations entre le maire et son opposant. En novembre dernier, une première plainte avait été déposée par Fabrice Riva pour violation du secret des correspondances suite à la publication par Mohamed Boudjellaba, sur ses réseaux sociaux, de lettres qu’ils avaient échangé. S’en est suivie une deuxième plainte, cette fois-ci émanant du premier magistrat de Givors, pour incitation à la haine raciale et à la violence. Une plainte motivée par des commentaires qui ont été rédigés par des tiers sous une publication Facebook de Fabrice Riva, et que Mohamed Boudjellaba qualifie de « racistes ».
Un épisode qui fait suite à la réponse de Fabrice Riva à une publication de Mohamed Boudjelleba dans laquelle le maire revient sur le discours du doyen de l’Assemblée nationale José Gonzales (RN), qui serait, selon lui, parsemé de propos « choquants », emprunts de « la nostalgie » du « passé colonialiste ». Ni une ni deux, Fabrice Riva a répondu par une autre publication sur sa page Facebook – publication qui avait recueilli l’adhésion de nombreux internautes qui, dans les commentaires, ne s’étaient pas contentés de manifester leur soutien à Fabrice Riva. Et pour cause, plusieurs d’entre eux s’en prenaient directement au maire, l’accusant, pour certains, de faire l’apologie de la nation algérienne.
Des accusations de « clientélisme communautaire »
De son côté, Fabrice Riva fustige depuis plusieurs mois maintenant la politique mémorielle du maire de Givors, lui reprochant des positions ambiguës concernant la guerre d’Algérie. Le conseiller municipal parle même d’un « véritable clientélisme communautaire » pratiqué par Mohamed Boudjellaba. Face à ces allégations, ce dernier accuse son opposant d’« attiser la haine ».
Une altercation a notamment éclaté lors d’une délibération visant à adopter un plan d’actions confortant les principes républicains au sein de certains quartiers de la ville. Tout en votant en faveur de la délibération, Fabrice Riva avait reproché à Mohamed Boudjellaba de n’aborder la question mémorielle que sous « l’unique prisme du conflit franco-algérien ».
L’opposant avait notamment pointé du doigt plusieurs événements qui révèlent, selon lui, la « constante obnubilation à vouloir faire l’éloge du mouvement terroriste et raciste que fut le FLN ». Fabrice Riva cite notamment l’invitation de l’historien Benjamin Stora, ainsi que le choix de rebaptiser l’avenue Lénine en avenue Gisèle Halimi, féministe certes, « mais également, avocate des terroristes du FLN ». La célébration de « l’autre 8 mai 1945 », en référence aux victimes algériennes décédées lors du soulèvement de Sétif, a également interrogé l’opposant divers droite qui reproche à Mohamed Boudjellaba de briller « en revanche par (son) silence lors d’autres dates, comme le 5 juillet, où ont été, cette année, commémorés les 60 ans du massacre de masse accompli par le FLN à Oran ».
Une caricature « censurée »
Autre point de friction : une caricature représentant Mohamed Boudjellaba scandant « Bâtard ! Vive le FLN ! » , que ce dernier aurait refusé à trois reprises de publier dans le bulletin municipal. Fabrice Riva, qui a fini par poster cette caricature sur son profil Facebook avant qu’elle ne soit reprise par nos confrères de LyonMag, y voit là un « acte de censure illégitime et injustifié ».
« En toute illégalité, le maire de Givors a censuré ce mois-ci, dans la publication municipale, la tribune proposée par le groupe Givors Fière, qui, commune à Nathalie Bodard et moi-même, respectait pourtant le nombre de signes qui nous sont à tous les deux alloués dans la nouvelle répartition du droit d’expression des élus d’opposition, au prétexte que celle-ci comportait une caricature humoristique qui déplaisait au maire », a écrit l’élu divers droite sur sa page Facebook. Et de conclure : « Le maire de Givors montre une fois de plus son vrai visage, celui d’un ennemi de la démocratie et de la liberté d’expression, et continue à s’inscrire en dehors du champ républicain en violant délibérément la loi ».