LYON 1ère

LE CRI D’ALARME DU CHANTEUR DU GROUPE LYRE LE TEMPS : « POUR LES ARTISTES, CELA VA ÊTRE ULTRA COMPLIQUÉ » (INTERVIEW)

YK

YK

Les fans de l’émission « The Voice » s’en souviennent forcément. Ry’m (ou Ludovic dans la vie quotidienne) avait décroché en 2017 une participation à l’émission – et avait pour coach Matt Pokora. Après l’émission… Ry’m a poursuivi sa carrière avec son groupe et produit des albums. Le chanteur du groupe « Lyre Le temps » était l’invité de la Matinale du week-end, ce dimanche 15 novembre sur Lyon 1ère. L’occasion d’évoquer ses « Studios Dressing » qu’il propose chaque jour sur internet… et d’alerter sur la situation actuelle.

A la fin du premier confinement, le groupe Lyre le temps, comme beaucoup d’autres, fait un constat amer : 45 concerts, programmés avant l’apparition du coronavirus, ont été tout simplement annulés. Manque de chance, le groupe venait de sortir, quelques mois auparavant, son nouvel album « Clock Master ». Toute une tournée devait accompagner cette sortie.  » Plus d’argent dans les caisses, du jour au lendemain, explique Ludovic, son leader. Non seulement il n’y a plus de sources de revenus, mais aussi plus aucune perspective de retour… dans les mentalités. Les gens ont peur. On ne savait pas où on allait... »

C’est alors que Lyre le temps reprend l’initiative, et met sur pied, début juin 2020, une série de concerts « avec respect des distances de sécurité ». L’événement, qui s’est déroulé à Strasbourg à la salle de concerts la Laiterie, fera le tour des jt sur toutes les chaines. « C’était indispensable ! Aujourd’hui, je vois les libraires découvrir la situation dans laquelle nous sommes, nous les artistes, depuis mars. Impossibilité pour les gens de venir acheter un ticket de concert et de passer un bon moment. Au même titre que le livre est indispensable à la culture en France, je pense que la scène est, aussi, indispensable à la diversité. Et puis, on parle juste de rassemblement d’êtres humains, comme si cela n’existera… plus jamais« 

Concrètement, seulement une soixantaine de personnes a pu assister à ces concerts durant deux jours. Chacun était placé sur une croix marquée au sol ! « C’est clair que c’était bizarre. C’est clairement pas notre métier. On était presque dans une oeuvre d’art contemporaine. Le public faisait partie de l’oeuvre autant que la scène. Après tout, on a tout de même été suivis par 15 000 personnes en direct durant le dernier concert. Ça nous a permis de discuter avec notre public et lui montrer le spectacle qu’on avait préparé et qu’on a pas pu lui offrir cet été. Je me ronge tellement le frein que… chaque espace d’expression devient carrément vital. « 

En organisant des sessions acoustiques sur internet durant ce deuxième confinement, qu’il a appelé ses « Studio dressing« , le groupe Lyre Le Temps tente de marquer le coup : « Je réalise que, pour les artistes, cela va être ultra compliqué. On risque quoi ? Que le canal, par lequel on écoute les artistes soit encore plus étroit. C’est à dire moins de diversité, moins de propositions. Vous allez moins facilement retrouver ce que vous avez envie d’entendre dans vos radios, vos télés. Les artistes ne pourront plus produire. Comme la plupart ne gagnent leur vie qu’avec le concert… le marché du disque est en état catastrophique. Sans parler de l’évolution des pratiques aujourd’hui, à travers les plateformes comme Spotify, Deezer et les autres.. Quand un utilisateur, qui paye un abonnement à 10 euros par mois pour consommer à volonté, choisit d’écouter un de mes titres, je touche 0,001 centime environ. J’ai des titres à plus de 50 millions d’écoute : ca me rapporte 5000 euros…« 

Pour essayer de surmonter cette crise, le groupe avance une idée : « Je propose une solution pour les artistes en galère. J’ai lancé un site qui s’appelle PATREON, qui permet en fait de prendre un abonnement à un groupe, et ainsi les gens deviennent… notre patron. Au final, c’est logique. Malgré tous ces intermédiaires il faut se souvenir que notre boss, c’est notre public« 

Replay : Ecoutez l’intervention de Ry’m sur l’antenne de Lyon 1ère