LYON 1ère

FESTIVAL LUMIÈRE – MASTER CLASS ALBERT DUPONTEL : UN « OPTIMISTE SCEPTIQUE » À LA CINÉPHILIE DEBORDANTE

Laura Nodari

Laura Nodari

Acteur, humoriste, réalisateur ou encore scénariste, Albert Dupontel déploie son art autour de l’absurde et du grotesque. Ayant signé BernieAurevoir là-haut ou encore 9 mois ferme, Albert Dupontel est venu à Lyon, présenter en avant-première son film Adieu les cons et livrer sa Master Class vendredi 16 octobre Albert Dupontel à la Comédie Odéon. Des Aventuriers de Robert Enrico en passant par Charlie Chaplin et Mulholland Drive de David Lynch, il est revenu en un show plein d’humour sur ce qui alimente son goût et sa pratique de l’imaginaire.

Il a pris place sur la scène de la Comédie Odéons sous une nuée d’applaudissements remarquant avec humour aimer habituellement arriver après ses films pour y être applaudi seulement au moment où les gens aient vu le résultat de son travail.

« J’aime faire rire et pleurer mais je n’ai pas de stratégie » : Très prudent par rapport à la sphère publique il aime juste montrer ses films mais ne pas en parler. Il préfère être présent en salle pour voir les réactions émotionnelles des spectateurs mais pas pour voir si son travail marche ou pas. Pour lui le cinéma, c’est bien sûr l’écriture, le tournage et le montage mais aussi la sortie.

Au travers d’une petite anecdote familiale et de l’un de ses premiers souvenirs de cinéma, il nous a expliqué comment il a su être plus sensible à l’imaginaire qu’à la réalité. Il a exprimé son déclic devant Les Aventuriers de Robert Enrico, où il avait dû retenir ses larmes entouré du reste de sa famille qui elle restait totalement impassible face à la mort de Laetitia Weiss.

Il a reconnu avoir un parcours un peu chaotique. Après ses études de médecine, il a pris des cours de théâtre mais pas de cinéma bien que c’était vers ce dernier qu’il souhaitait se diriger pour satisfaire son désir de découpage avec cet art qu’il apparente à de l’architecture. Sans avoir une véritable ambition de devenir acteur c’était la réalisation qui l’attirait avant tout. Le cinéma le faisait voyager, il voulait comprendre les procédés de cet art pour pouvoir ensuite procurer la même impression à d’autres spectateurs.

Ses références cinématographiques sont multiples. Son premier repère est Charlie Chaplin, qui comme lui avait la double facette d’être dans ses films à la fois acteur et réalisateur. Mais il aime aussi être face à la simplicité de Bresson et le talent de Woody Allen. Il a évoqué son choc révélateur avec les cours d’Ariane Mnouchkine, qui lui parlait beaucoup de Chaplin. Ces influences s’étendent ensuite de la troupe d’humoristes Les Monty Python, en passant par Mulholand Drive de de David Lynch au L’Homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam. Autodidacte, il cherche dans la culture ce qu’il a besoin. Cet immense cinéphile et insomniaque a vu une quantité de films, les a digérés pour en faire une sorte de condensé. C’est pourquoi il se considère comme « le dommage collatérale de plein de films » et qu’il prend de la distance avec son art qu’il ne considère pas comme original.

Il voue aussi un intérêt pour la conception de ses affiches. Elles doivent être un bel objet avant d’être un atout commercial. Les siennes sont réalisées par Laurent Durieux qui a notamment travaillé sur les films comme Le Fabuleux destin d’Amélie Poulin, Le Grand bleu ou encore avec Francis Ford Coppola. Il a certifié que pour lui l’une des plus belles affiches de l’histoire reste celle de La Belle et La bête de Cocteau

Il a évoqué avoir trois nouvelles idées de films et en particulier une qui pour lui « vire à la névrose obsessionnelle » : l’histoire d’un quadragénaire qui se présente à l’élection présidentielle, nous invitant à faire le lien avec la situation actuelle.

Il a alors déclaré ne pas être nihiliste mais être un « optimiste sceptique » : il croit en le genre humain et veut avant tout parler aux petites gens dont il raconte les histoires : « La société n’a pas besoin de films pour se ridiculiser ».

Enfin, Thierry Frémaux a encouragé le public à aller voir son nouveau film qui sortira le mercredi 21 octobre prochain, afin de lui permettre d’avoir le nombre d’entrées qu’il mérite malgré la situation. En soulignant que le titre de son nouveau film est déjà « presque un truc de couvre-feu », Thierry Frémaux a en effet tenu à adresser un message à la suite des nouvelles consignes sanitaires qui nous empêchent d’aller au cinéma le soir. Selon lui, nous devons modifier nos façons d’aller au cinéma et réclamer le télétravail pour aller au cinéma en matinée et en début d’après-midi : « Le cinéma est debout même s’il est fragilisé ».