D’après l’index publié par Tom-Tom mercredi 15 février, les Lyonnais ont passé en moyenne 8 jours dans les bouchons en 2022. Un constat qui n’est pas sans conséquences puisqu’il représente un coût à la fois financier et environnemental.
201. C’est le nombre d’heures en moyenne que les Lyonnais ont passé dans les embouteillages en 2022, soit plus de huit jours de l’année. Parmi ces 201 heures, l’index trafic de Tom-Tom, dévoilé mercredi 15 février, montre que 83 ont été passées en arrêt total du véhicule pris dans un bouchon.
Et pour cause, Lyon s’érige à la troisième place du podium des villes les plus congestionnées de l’Hexagone derrière Paris et Bordeaux. À l’échelle mondiale, la capitale des Gaules est 53e, avec un temps moyen de 20 minutes et 40 secondes pour parcourir 10km en voiture dans la ville, soit 10 secondes de moins qu’en 2021.
Lyon, 3e ville la plus congestionnée de France
Sans surprise, les heures de pointes sont celles lors desquelles les voies lyonnaises sont les plus congestionnées : le matin de 7 à 9 heures et en fin de journée de 15 à 19 heures. Le jeudi soir de 17 à 19 heures a été en moyenne le moment de la semaine le plus embouteillé en 2022, tandis que le lundi matin à 4 heures est celui où la circulation a été la plus fluide.
Le césar du pire jour de l’année 2022 pour circuler à Lyon revient au 5 mai avec un temps moyen de 25 minutes et 30 secondes pour parcourir 10km.
Le coût des embouteillages
Être bloqué sur la route à cause d’un embouteillage n’est pas seulement usant. Cela peut également représenter un véritable coût pour les automobilistes. Un point non-négligeable, d’autant plus en période de forte inflation, avec une augmentation continue du prix des carburants qui trouve en grande partie ses origines dans la guerre en Ukraine et les restrictions d’importations de carburant en provenance de Russie. En 2022, sur 661 euros dépensés pour un Lyonnais qui circule quotidiennement aux heures de pointe dans une voiture qui fonctionne au diesel, 131 euros sont perdus à cause d’arrêts dans les embouteillages.
En 2014 déjà, Inrex, qui travaille sur l’impact du trafic au niveau individuel, économique et environnemental, alertait sur le coût que représentaient les bouchons pour les Français. « Cette étude tire le signal d’alarme pour sensibiliser le public sur l’impact croissant des bouchons d’une part sur l’économie et d’autre part sur les budgets des foyers », assure Matt Simmons, Directeur Europe d’INRIX. Un rapport qui prévoyait à l’époque une facture cumulée de plus de 350 milliards d’euros pour la France d’ici à 2030.
L’impact écologique
Si le porte monnaie des Lyonnais trinque, c’est aussi le cas de l’environnement. Bouchon reste malheureusement synonyme de pollution, dans la mesure où le carburant consommé lorsqu’un véhicule est immobilisé émet des gaz à effet de serre et des polluants qui participent activement à la dégradation de la qualité de l’air. À noter qu’un embouteillage de 100 km entraîne en moyenne le ralentissement de 200 000 véhicules qui consomment deux fois plus d’essences. Autre chiffre saisissant : sur un tronçon d’autoroute, chaque ralentissement entraîne seize fois plus de pollution qu’un trafic fluide.
Une politique municipale contestée
Malgré l’impact écologique des embouteillages, l’exécutif municipal et métropolitain reste sur sa position initiale. Aucun projet de voirie ne verra le jour dans les prochains mois. « Jusqu’à présent, on a toujours été dans la théorie ‘One more line and we fix it’ [N.D.LR : encore une ligne et nous n’aurons plus de bouchons], analyse le vice-président de la Métropole de Lyon chargé de la Voirie et des Mobilités actives Fabien Bagnon, auprès de nos confrères de Rue89. « Avec ce genre de raisonnement, on se retrouve avec une entrée de ville avec 24 voies, comme à Atlanta. ».
La politique mise en oeuvre par les écologistes depuis leur arrivée au pouvoir en 2020 tend même vers la suppression de voies de circulation au profit de pistes cyclables et de voies de bus. Une politique contestée par nombreux Lyonnais, qui tiennent comme responsable des embouteillages la réduction de la voirie. En atteste ce tweet d’une lyonnaise, excédée de voir les pistes cyclables se démultiplier au détriment des voies destinées aux véhicules motorisés : « Le maire de Lyon je vais l’attraper à foutre des voies velos pour rien ça fais plus d’embouteillages, plus de pollution les voitures au même endroit parfois pendant 30min, et très peu de vélos, les gens continueront à prendre leurs voitures ».
À défaut de construire de nouvelles voies, la métropole et la mairie de Lyon semblent parier sur la diminution de véhicules à moteur thermiques en circulation pour régler le problème des embouteillages. « Si les Grands Lyonnais étaient deux par véhicule plutôt qu’un et demi, tout le monde serait à l’heure au travail », affirme Fabien Bagnon, qui incite les habitants de la métropole à troquer leur véhicule au profit des transports en commun, et des mobilités dites « douces », telles que le vélo ou la trottinette. Et pour les plus motivés, il reste encore la marche à pied !