Dans un entretien accordé à La Tribune de Lyon, le président de la métropole Bruno Bernard a annoncé quelques assouplissements du calendrier visant à l’interdiction progressive des véhicules à moteur thermique. Sur son compte Twitter, l’élu écologiste a également reproché au gouvernement un manque de soutien dans la mise en place des ZFE.
Lyonnaises et Lyonnais ont été entendus. Bruno Bernard a finalement donné suite aux critiques essuyées après l’annonce de l’interdiction d’ici à 2026 des véhicules Crit’air 2 – tous les diesels et les essences d’avant 2011 – dans la zone à faible émission (ZFE) de Lyon couvrant Lyon intra-muros, Caluire, Bron et Villeurbanne. Le président écologiste de la métropole est revenu sur cette décision dans un entretien accordé à La Tribune de Lyon. L’élu a notamment annoncé un assouplissement du calendrier, laissant deux ans de plus aux véhicules thermiques pour circuler à l’intérieur de la ville.
Initialement fixée en 2026, l’interdiction des véhicules avec une vignette Crit’air 2 est finalement repoussée à 2028. Un report qui laisse le temps aux Lyonnais de modifier leur habitudes, mais surtout, de troquer leur véhicule thermique pour des véhicules hybrides ou électriques. « Il est naturel d’écouter. Et d’adapter les choses », assure Bruno Bernard. Et d’ajouter « Les décisions doivent être prises, mais aussi partagées par le plus grand nombre. Il faut une maturation collective. On n’y était pas encore ».
Vers un élargissement du périmètre de la ZFE de Lyon
En outre, le président de la Métropole de Lyon est revenu sur la question de l’élargissement de la ZFE, assurant qu’il souhaitait que le débat reste ouvert. « Soit on met directement un périmètre plus large, dans un calendrier à discuter, soit on démarre avec celui qui était prévu et on l’élargit au fil du temps », propose-t-il, promettant une nouvelle délibération au conseil métropolitain en juin prochain.
Alors que Lyon fait face à un fort pic de pollution depuis vendredi, Bruno Bernard s’est montré pour le moins conciliant vis-à-vis des détenteurs de véhicule thermique. Le président de la métropole a en effet concédé que « la voiture reste indiscutablement le meilleur moyen de déplacement », notamment lorsqu’aucune autre alternative n’est présente dans certains secteurs, et qu’elle « demeure indispensable ».
Un manque de soutien de l’État ?
L’élu écologiste a également pointé sur son compte Twitter le manque de soutien du gouvernement aux métropoles qui ont pris l’initiative de mettre en place une zone à faible émission. « Nous avons demandé à l’État (seul possesseur de ce carnet d’adresses) de pouvoir écrire un courrier à tous les possesseurs de Véhicules concernés par la #ZFE pour les avertir du calendrier et des aides : Nous n’avons eu aucune réponse », écrit-il, reprochant également à l’État de n’avoir pas honoré la campagne de communication et de pédagogie sur les ZFE pour laquelle il s’était engagé.
Toujours depuis son compte Twitter, Bruno Bernard justifie également sa décision de repousser la sortie du Diesel à 2028 par « la situation sociale et économique qui n’est plus la même que lors de l’élection de 2020 », faisant référence aux deux années de crise sanitaire et au retour de l’inflation provoquée par la guerre en Ukraine.
La ZFE, une politique publique vivement critiquée
Dans un tel contexte, cet assouplissement du calendrier devrait être accueilli d’un bon œil par de nombreux Lyonnais. L’interdiction des véhicules crit’air 2 impliquant l’achat d’un nouveau véhicule – hybride ou thermique ; son report en 2028 permet aux habitants de l’agglomération de mieux appréhender le projet.
« Un projet », considéré par le maire du deuxième arrondissement Pierre Olivier, comme « antisocial », et qui risque de « coûter très cher aux classes moyennes et aux classes populaires » qui seraient, selon lui, les plus pénalisées par une telle interdiction. « Je suis moi aussi favorable à l’interdiction à terme des moteurs thermiques à Lyon. Mais sur un temps beaucoup plus long. 2035, par exemple, me paraît être un bon compromis », explique-t-il.
À chaque ville sa politique en matière de ZFE
Il faut dire que la métropole n’a pas hésité à prendre les devants en matière de restriction d’émissions de CO2. Lyon fait en effet partie des trois métropoles de l’Hexagone aux côtés de Paris et de Strasbourg à s’être engagée à interdire à terme la circulation de véhicules diesel dans sa zone à faible émission.
Un choix politique, donc, puisque chaque agglomération est parfaitement libre d’établir son propre calendrier. En revanche, le système de vignette allant de 1 à 5 – indiquant le véhicule du moins polluants au plus émetteur de gaz à effet de serre – demeure le même pour les onze agglomérations françaises qui ont décidé d’instaurer une zone à faible émission. Pour le moment, Grenoble, qui n’autorise que les véhicules aux vignettes Crit’Air 1 et 2 depuis juillet 2022, reste le meilleur élève en matière de ZFE.