Le télétravail n’arrange pas les questions de sexisme et de harcèlement entre collaborateurs. Gilles Riou, le fondateur d’Egidio, un cabinet qui accompagne les gens dans les épreuves au travail, était l’invité du Grand Direct, ce 30 avril, pour répondre aux questions.
Au travail, comme en télétravail, les cas de sexisme et de harcèlement restent omniprésents. Des cabinets, comme Egidio, essaye de prévenir et accompagner les personnes dans ces situations difficiles. « Une étudiante nous a contacté, car elle subissait du cyber-harcèlement. Nous avons réussi à y mettre un terme, mais ce fut compliqué.«
Pour Gilles Riou, il y a deux grandes explications à ce phénomène. « Le télétravail brouille les repères, on ne voit pas vraiment le comportement non verbal de ses collaborateurs. L’accumulation peut rapidement augmenter la suspicion et l’incompréhension. » En ce qui concerne la seconde explication, elle concerne la charge mentale qu’ont les femmes. « Travailler à la maison ne veut pas dire être exempté des tâches quotidiennes« , des habitudes culturelles qui sortent du cadre de la société de Gilles Riou. « Mais il faut le garder en tête. »
Alors si certaines entreprises ont réussi à s’adapter à ce nouveau mode de travail en « refondant les règles du jeu« , pour d’autres, c’est plus compliqué. « C’est aux dirigeants de l’entreprise de faire des efforts, de faire un point avec eux-mêmes. » Les manageurs doivent aussi « faire attention » pendant les moments de pauses, mais aussi quand il s’agit d’échanger en visio. « On ne voit pas toujours la tête, parfois les caméras sont coupées. Il faut s’écouter et donner la parole à tout le monde. Ce sont des petits comportements non-verbaux qui peuvent rapidement devenir pesants.«
Plusieurs signes peuvent présager un début de harcèlement. Mais à distance, les gestes sont numériques et il est parfois plus difficile de les repérer. « Par exemple, un mail, si en copie de ce mail se trouve toute votre hiérarchie, et que le contenu de ce mail est une information que vous aviez déjà, c’est qu’il se passe quelque chose, c’est un mauvais signe. » Un risque peut aussi venir des réseaux de communication alternatif. « Dans une conversation Whatapps, vous pouvez décider d’inviter telle ou telle personne, et parfois quand certaines personnes ne sont pas dans les conversations, les collaborateurs peuvent commencer à se lâcher, à avoir des propos déviants. » Des risques connus et pourtant encore bien trop présents dans la société.